
"Au plaisir de se faire trahir" enflamme le top tandis que "Pain hustlers" souffre et que "Wellmania" est annulée.
Ce qu'il faut retenir des chiffres d'heures vues sur Netflix de la S43 de 2023 (23 au 29 octobre 2023).
📈 Méthodologie utilisée.
Mesure utilisée : Millions d’EVC, soit en Équivalents de Visionnages Complets, c’est-à-dire que je divise les heures vues, sur tous les supports, comptabilisées de lundi à dimanche dernier dans 192 pays et territoires par Netflix, par la durée des films et des séries en question. Je peux ainsi comparer des programmes de taille différente sortis à des dates différentes mais il ne s’agit pas d’une audience à proprement parler en téléspectateurs ou vues. C’est un concept arbitraire, une unité de mesure avec ses propres règles communes à tous les programmes. Depuis juin 2023, Netflix utilise cette même mesure pour son Top 10 mais sous l’appellation “views”.
Limites : La mesure du lundi au dimanche favorise les programmes qui ont été disponibles le plus longtemps sur une semaine donnée. Pour en savoir plus sur les limites des mesures d’audience en SVOD et pourquoi aucune mesure n’est parfaite, lisez cet article.
🔎 Le focus de la semaine : “Wellmania” est annulée.
Vous savez le graphique de la semaine dernière sur le sort des séries Netflix anglophones de 2023 ? On peut y ajouter une ligne rouge, puisque la série australienne “Wellmania” a été annulée selon Celeste Barber, sa créatrice et actrice principale. Sans surprises, elle est tout en bas du graphique.
Si vous lisiez ce que j’écrivais la semaine dernière et si vous regardez le graphique, cette annulation ne devrait absolument pas vous étonner mais elle semble avoir étonné la créatrice de la série qui a déclaré la chose suivante dans sa vidéo sur Instagram :
“Netflix said it’s something about numbers. Sure. I thought it smashed it but I don’t understand how it works.”
Cette déclaration ressemble beaucoup (beaucoup !) à celle de Fanny Herrero quand “Drôle” a été annulée et je pense que l’on peut y voir en creux plusieurs choses. La première est que les talents qui bossent avec Netflix ne savent pas forcément interpréter les chiffres fournis par Netflix. On doit leur parler de millions de comptes, de millions d’heures, de millions de vues, mais sans contexte, c’est difficile à interpréter et ils ont d’autres chats à fouetter que de s’y intéresser ou de comparer avec d’autres programmes.
L’autre éclaire peut-être sur la façon dont Netflix communique ses chiffres aux talents à travers des exécutifs régionaux qui doivent avoir d’autres priorités que de dire de prime abord “Déso, mais ta série se plante carrément là”. Donc j’imagine (mais j’en sais rien) qu’ils doivent trouver des façons d’enjoliver les chiffres qui peuvent induire en erreur les talents sur les performances véritables de leurs films et séries. Pour Fanny Herrero, j’imagine que “La série marche fort, très fort en France !” devait être un élément de langage, en oubliant de préciser qu’à l’étranger, c’était zéro. Et quand je vois comment le département comm’ de Netflix peut avoir tendance à venir me dire que j’ai tort quand je nomme des flops et que “Telle série française n’est pas un flop, elle a bien marché en France” sans la renouveler in fine (je parle de toi “Jusqu’ici tout va bien”), je n’ai aucun mal à croire que ça marche pareil du côté de Netflix Australie et que Celeste Barber a entendu des trucs du style “La série marche carrément en Australie, on est satisfait du lancement” et que l’annulation de sa série est de fait un choc. Après, je peux comprendre aussi ces exécutifs de chez Netflix qui bossent de façon plus ou moins proche avec les talents et qui n’ont pas envie d’être les messagers de mauvaises nouvelles, tout comme du côté des créateurs, blâmer une annulation sur Netflix et sa boite noire des chiffres est une excuse bien pratique.
Dans tous les cas, c’est aussi pour ça que cette newsletter existe et j’imagine que c’est aussi pour ça que beaucoup de gens du secteur audiovisuel français y sont abonnés. Parce que j’ai zéro problème à dire ce qui marche ou ne marche pas en me basant sur les chiffres fournis et en comparant ce qui est comparable, surtout pour les programmes français de Netflix. D’ailleurs, en parlant de ça, on s’approche des 1000 abonnés donc n’hésitez pas à partager cette newsletter avec d’autres personnes de votre entourage pro ou perso que ça pourrait intéresser ! Merci !
🎥 Films.
Les films qui continuent leur exploitation.
Cette semaine, le film polonais “Forgotten Love” continue avec sa courbe parfaite qui tranche avec celle du film d’action sud-coréen “Ballerina” par exemple. C’est bien aussi pour “Reptile” qui maintient une bonne courbe ascendante, tout comme “Nowhere” qui franchit l’étape des 28 premiers jours avec un temps d’avance sur “The Platform” selon mes estimations.
Pourquoi prendre “The Platform” ? Parce que c’est pour l’instant le film classé numéro 2 dans le top 10 international all time et c’est pour cette place que vient “Nowhere” avec ses chiffres.
En se basant sur les comparaisons disponibles (c’est à dire les évolutions de films du Top 10 entre leurs 28 et 91 premiers jours qu’on connait), la fourchette de fin pour “Nowhere” s’établit entre 81,5M et 94M d’EVCs en 91 jours, avec une moyenne estimée à 87-88M d’EVCs. Elle devrait donc, sauf déclin bien plus rapide que ce qu’on a déjà vu, battre “The platform” et prendre la deuxième place du classement à terme.
Les nouveaux films de la semaine.
C’est un lancement vraiment moyen pour “Pain hustlers” qui aurait dû faire mieux pour un film avec Chris Evans et Emily Blunt. Avec 14,1M d’EVCs en 3 jours, c’est aussi bien que la rom-com “Love at first sight” qui n’a pas coûté tout à fait le même prix. Absence de promo des acteurs en ces temps de grève, nouveau programme Netflix qui s’intéresse aux entreprises pharmaceutiques après “Painkiller” sorti il y a deux mois, sujet peu attrayant, les raisons pour ce démarrage faiblard sont nombreuses et peut-être toutes aussi valides les unes que les autres.
Après “Reptile”, “Old Dads” et “Fair play” ces dernières semaines, “Pain hustlers” continue donc la tendance des sorties de films US B-tier, entre 12 et 17M d’EVCs. Pas des succès immenses, mais pas non plus des flops. Moyens, juste.
Un qui a bien carburé la semaine dernière, c’est le film torride brésilien “Burning Betrayal” (“Au plaisir de se faire trahir” en français) qui a explosé le record d’un lancement d’un film d’Amérique Latine sorti un mercredi avec 14,7M d’EVCs en 5 jours. Bon, les critiques ne sont pas bonnes du tout dessus donc ses chiffres devraient baisser assez rapidement (rappelez-vous, le film “365 jours” et ses suites dans la catégorie film “torride”). Mais un record est tombé donc peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !
Il y a une niche bien définie pour les films d’horreur espagnols de Netflix : entre 6 et 6,8M d’EVCs en 3 jours, une fourchette que vient confirmer “Sister death” de Paco Plaza. Un score ni bon, ni mauvais donc, pile dans la niche, même si forcément, à quelques jours d’Halloween, on était sans doute en mesure de se demander si cela ne pouvait pas aller au-delà.
Cumul des “views” des Tops 10 films anglophones et internationaux.
Des petits rebonds cette semaine, aussi bien dans le Top 10 anglophone qu’international mais rien d’extraordinaire.
Avant de passer aux séries, si vous n’êtes pas encore abonné et que vous désirez recevoir mes futurs posts dans votre boite mail directement, c’est ici que ça se passe :
📺 Séries.
Les séries qui continuent leur exploitation.
3 séries dominent Netflix ces dernières semaines, à savoir “Lupin”, “Beckham” et “Sex Education” et elles apparaissent très clairement sur le graphique ci-dessus puisqu’elles naviguent dans les mêmes eaux. La saison 3 de “Lupin” se dirige désormais vers la nouvelle fourchette que j’avais estimé, à savoir 39M d’EVCs en 28 jours. Si on regarde plus bas, intéressons-nous à “La chute de la Maison Usher” qui vient de passer les 14 premiers jours de disponibilité avec 16,2M d’EVCs, soit un score dans la lignée de l’autre série de Mike Flanagan à 14 jours dans mon dataset, à savoir “Midnight Mass” (14,7M d’EVCs) mais loin quand même des autres mini-séries qui ont eu plus de succès.
Les nouvelles séries de la semaine.
C’est morne plaine dans le Top séries US et internationales cette semaine et l’animation nous vient de deux séries docu. La première s’intéresse au patron de la mafia new-yorkaise John Gotti qui réalise un démarrage très moyen avec 7,3M d’EVCs en 6 jours.
La seconde est “Life on our planet”, une série documentaire nature produite par Amblin et Steven Spielberg qui se lance avec 5,5M d’EVCs en 5 jours, soit un bon démarrage pour une série docu nature. Mais pas de quoi affoler les compteurs non plus.
Cumul des “views” des Tops 10 séries anglophones et internationales.
Les deux Tops restent proches cette semaine mais ça ne durera pas car la semaine prochaine va chambouler tout ça normalement.
😵 Les absents notables.
Beaucoup d’absents cette semaine avec deux séries internationales qui n’ont pas réussi à se frayer un chemin, à savoir “Les débuts” (Pologne) et “TORE” (Suède). Plus embêtante, quand on voit toute la promo faite sur Twitter notamment, est l’absence de la série animée “Pluto”. Enfin, et c’était plus prévisible, pas beaucoup d’amour pour le docu sur le premier court-métrage de Bong Joon-Ho “Yellow Door”.
⏭️ La semaine prochaine, dans Netflix & Chiffres.
La semaine prochaine, on va avoir des choses à étudier, comme le lancement du film français “Voleuses” de et avec Mélanie Laurent, dernier coup d’éclat de Netflix France cette année du côté des films mais aussi la mini-série évènement “All the light we cannot see” sur laquelle Netflix semble beaucoup compter, le lancement de “Nyad” avec Annette Benning et Jodie Foster, les séries animées “Blue eye samurai”, “Onimusha” et le retour de “Selling sunset”. Bref, ça repart fort pour ce début novembre.
C’est tout pour cette semaine du côté de Netflix, on se retrouve dans quelques jours pour l’étude des derniers chiffres du streaming aux US !