Le nouveau service DVàD de Vodkaster peut-il bousculer le secteur français de la VOD ?
Dans quelques semaines, le réseau social de cinéma Vodkaster lancera son service de vente et revente de DVD avec une particularité notable…
Dans quelques semaines, le réseau social de cinéma Vodkaster lancera son service de vente et revente de DVD avec une particularité notable : le visionnage à distance des DVDs par Internet.
Je suis un très grand fan de Vodkaster, le réseau social francophone consacré au cinéma. J’y suis abonné depuis bientôt quatre ans, j’y vais quasiment tous les jours et j’y ai écrit des articles sur la comédie romantique. Avec son équipe, nous avons plusieurs fois parlé de nos conceptions de la VOD et de la distribution des films en France avec, je crois, une vision assez similaire et toujours placée dans l’optique du spectateur/consommateur. A l’opposé donc des services actuels.
Vodkaster et le DVàD
C’est pourquoi j’ai été agréablement surpris il y a quelques semaines lors de l’annonce d’une prochaine évolution du réseau social en plateforme de revente de DVDs avec une petite finesse en plus : le visionnage des DVDs à distance, via Internet. D’où le sigle (imaginaire pour l’instant) de DVàD, contraction de DVD et VàD.
Le principe est tout bête : vous envoyez des DVDs de votre DVDthèque à Vodkaster qui se charge de les numériser et de vous en réserver le droit unique de les visionner à distance. Bonus, menus, langues, sous-titres, tout est identique à une vision dans votre salon sauf que vous passez par Internet pour le regarder. La plus-value est que vous pouvez alors le vendre au prix que vous le souhaitez sur la plateforme (plus la commission de Vodkaster). Le nouvel acquéreur récupère le droit de visionnage à distance que vous perdez de facto et vous pouvez utiliser l’argent de cette vente pour acheter un autre DVD qui vous ferait envie sur la plate-forme, DVD que vous pourrez également visionner à distance directement après la vente. Si jamais vous achetez un film que vous avez adoré et que vous souhaitez avoir dans votre DVDthèque physique, il vous suffit de débourser 3€ (ce prix peut encore changer) pour le rapatrier chez vous via courrier.
Cette idée n’est pas nouvelle puisque c’est l‘idée au coeur du site Riplay (ex-Cheesevideo) avec qui Vodkaster s’est associé pour l’adosser à son réseau social fort d’un million de visiteurs par mois. Mais on l’assure chez Vodkaster, “le dispositif technique que nous allons utiliser est complètement différent de celui de Riplay et notamment ne rompt ni ne contourne en aucun cas les DRM” selon David Honnorat, cofondateur de Vodkaster. “Ça repose sur une solution technique assez lourde et complexe qui limite par ailleurs certains aspects du service (notamment en imposant de bonnes connexions pour permettre le streaming).”
Le choix à pas cher.
Pour quiconque un peu habitué aux services de VOD français, les avantages du système sautent immédiatement à la figure. Les prix pratiqués à l’heure actuelle sur Riplay sont de 2,90€ minimum le DVD de film et 6€ minimum une saison complète de série, soit des prix conformes au marché de l’occasion de DVDs physiques trouvables chez CashConverters etc. Des prix cependant moins chers qu’une location VOD traditionnelle (3,99-4,99€) et bien moins chers qu’un film en EST (téléchargement définitif — 7,99-19,99€).
L’autre avantage est que le catalogue possible pour ce service est virtuellement égal au nombre des films sortis en DVDs en France depuis la commercialisation du support à la fin des années 90. Des dizaines de milliers de titres pourraient donc en théorie faire partie du catalogue mis en vente par les utilisateurs. De quoi surpasser en nombre tous les catalogues des services VOD actuels… combinés.
Des inconnues demeurent.
La plus importante reste la réaction des studios, des services de VOD et des ayants-droits devant un tel système. Si la vente et revente de DVDs n’ont rien d’interdit en France et est pratiquée par bon nombre d’enseignes aussi bien sur le web qu’en magasin, la composante dématérialisée risque de faire grincer des dents dans le secteur. Cette composante, rendue possible par le développement du haut et très haut débit en France, est pourtant la feature star du service d’une ingéniosité diabolique qui pourrait donc bien bousculer à son tour un secteur déjà apeuré par l’arrivée de Netflix. “Face à l’effondrement du secteur vidéo en France (-17%), c’est un devoir de proposer des solutions innovantes et de recréer un marché d’acheteurs stimulés par la possibilité de revendre très facilement leurs achats” explique David Honnorat. “L’industrie du jeu vidéo [encore un lien entre le jeu vidéo et le secteur du cinéma !] fonctionne sur ce modèle : un marché primaire d’acheteurs au prix fort, permis par un marché secondaire dynamique.”
L’autre inconnue est celle de l’approvisionnement du catalogue par les utilisateurs, de la façon dont ils vont s’approprier la plate-forme. Les revendeurs et amateurs de DVDs d’occasion le savent bien : ce sont généralement les mêmes films qui reviennent en nombre et si le choix existe, il y a aussi un côté vide-grenier attirant pour certains mais pas forcément synonyme de qualité. Vodkaster bat le rappel depuis l’annonce de ce nouveau service auprès de sa communauté pour étoffer son catalogue et était même partenaire de la dernière cérémonie des How I met Your Blogger Awards pendant laquelle ils ont pu sensibiliser la blogosphère ciné à ce nouveau système tout en récoltant de nombreux DVDs.
Contrairement à ce qu’en ont dit les médias lors de son annonce, ce nouveau service ne sera pas le Netflix killer français. Et pour cause, les deux s’attaquent à des marchés complémentaires mais bien distincts, la VOD et la SVOD. Mais l’idée génialement simple proposée par Vodkaster pourrait quand même bien venir jouer les trouble-fêtes au milieu de la morne parade des services VOD existants et donner un bon coup de pied dans un secteur sans innovations majeures depuis des années. Verdict dans quelques semaines !
Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques. Contact : frederic[at]filmsdelover.com