U.S. Streaming Report: les Artey Awards, "The Wild Robot" (Peacock), "Skeleton Crew" (Disney+), "Silo" (Apple TV+), "Unstoppable" (Prime), "Back in Action" (Netflix)...
Ce qu'il faut retenir des derniers chiffres de visionnages de Nielsen, SambaTV et Luminate aux Etats-Unis.
📈 Méthodologie utilisée.
Les données de ce Streaming Report proviennent de Nielsen, Luminate et SambaTV et ne concernent que le territoire des Etats-Unis. Elles sont en Millions d’EVC (Équivalents de Visionnages Complets), c’est-à-dire que je divise les minutes vues publiées par les différentes sources par la durée des films et des séries en question.
Pour en savoir plus sur les limites des mesures d’audience en SVOD et pourquoi aucune mesure n’est parfaite, lisez cet article.
Star Wars: Skeleton Crew (Disney+)
J’ai réussi à obtenir un chiffre Nielsen pour la série Disney+ Star Wars: Skeleton Crew, et notamment sa première semaine qui est sa meilleure semaine à priori. Comme on pouvait s’y attendre, la série a loupé le Top 10 la semaine de sa sortie, mais de peu, ce qui n’en fait pas un lancement réussi pour autant puisque la série est loin, très loin derrière les lancements des autres séries Star Wars, avec bien plus de jours pris en compte par Nielsen en plus, puisque la série a débuté sa diffusion un lundi. 7 jours pour engranger des vues et au final faire bien moins que des séries sorties un mercredi ou vendredi. C’est pas bon du tout, mais on le savait déjà.
Les Artey Awards mettent en valeur les limites de la méthodologie de Nielsen plus qu’autre chose.
J’adore Nielsen et les chiffres qu’ils fournissent pour tenter de faire sens du domaine du streaming mais s’il y a un truc que je n’aime pas chez eux, ce sont leurs Tops 10 de fin d’année qui mettent sur un même pied des films dispos pendant 3 semaines sur l’année ou dispos toute l’année, de durées différentes, comme des séries de 8 épisodes sorties en septembre et des séries de 178 épisodes dispos tout au long de l’année. C’est le degré zéro de la contextualisation des données que Nielsen génère (et c’est sans doute le but voulu) et c’est surtout inutilisable dans une grande partie, aussi bien d’un point de vue des chiffres que d’un point de vue des éventuelles conclusions à en tirer.
Alors, je comprends aussi le but voulu : ce sont techniquement les titres les plus regardés sur une année calendaire mais comme l’an dernier, des cartons sortis en décembre et qui feront la moitié de leur exploitation en 2024 et l’autre moitié en 2025 ne figureront pas bien dans les deux classements alors qu’au total, ils auront fait d’énormes chiffres. C’est un exemple parmi tant d’autres des limites méthodologiques de l’exercice sans qu’il n’y ait vraiment d’avantages. C’est pour cela que j’essaye personnellement de mettre tous les titres sur deux pieds d’égalité, en prenant en compte la durée d’une part et en définissant une période de comparaison identique d’autre part.
Je ne reviens donc pas sur ces classements complètement inutiles mais cette année, Nielsen avait mis les petits plats dans les grands en lançant une simili-cérémonie de récompense (au moins virtuelle) et en baptisant cela les ARTEY Awards. Moi, forcément, ce qui m’intéressait, c’était les éventuels chiffres analysables et un truc m’a sauté au visage directement en voyant la 3ème place du film Amazon Prime Red One qui aurait récolté 8,28 milliards de minutes vues entre sa sortie sur Prime et le 29 décembre 2024.
C’est le seul titre de la liste que je pouvais vérifier avec les propres Tops 10 de Nielsen publiés récemment et donc, c’est ce que j’ai fait en 12 secondes, en lançant mon tableur Excel. Les calculs n’étaient pas bons puisqu’en comparant les chiffres annoncés par Nielsen pour cette même période, on tombait sur 5,5 milliards de minutes vues, soit 2,7 milliards de minutes vues en moins ! Une paille.
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Forcément, je leur ai fait remarquer et suite à mon mail, Nielsen a admis avoir fait une erreur et a modifié le Top 10 des films, où Red One est désormais numéro 10, mais cela fait un peu tâche. Et cela confirme un adage qui revient souvent (un peu trop à mon goût), à savoir que Nielsen se trompe a priori rarement mais quand il se trompe, c’est jamais dans les petites largeurs. Je parlais des chiffres délirants de Luminate sur Landman la semaine dernière et on est un peu dans ces eaux-là ici même si Nielsen a au moins eu l’honnêteté d’admettre son erreur (après qu’on lui fasse remarquer) mais qu’une erreur si énorme puisse être passée au nez à la barbe de ce que j’imagine être une équipe conséquente de gens dont c’est précisément le métier me parait assez incroyable et on peut légitimement se demander quelles autres erreurs non-remarquées sont passées sous le radar au fur et à mesure des années.
L’autre point méthodologique nous vient de l’envoi des Tops 10 du jour qui contient une note à la fin que je vous mets ici et qui fait référence à cette image venue de Nielsen dans son article sur les Artey Awards, reprise ensuite partout.
Note: While programs in Nielsen’s streaming reports (e.g. Top 10s, ARTEY Awards) are listed with the predominantly measured platform(s) within Nielsen’s Streaming Content Ratings service, viewing can be credited from any streaming platform upon which the title is available. For example, viewing to Little House on the Prairie occurs across a number of options, not solely Peacock as it is labeled.
Cela souligne aussi que quand Nielsen parle des visionnages de programmes dispos aussi bien en VOD qu’en SVOD, sur un ou deux services, il agglomère tout ensemble et définit une plateforme principale sans que tous les visionnages aient lieu sur cette plateforme. Je l’ai souvent répété pour les films non-originaux dont les visionnages comptabilisés peuvent l’avoir été en streaming mais aussi en VOD.
Ces premiers Artey Awards ont donc surtout mis en exergue des limites de la méthode Nielsen, aussi bien dans le décompte des visionnages que dans les sources des visionnages. Cela fait beaucoup pour l’institut qui reste néanmoins le mètre-étalon de tout un secteur. La conclusion de tout ça est qu’en streaming, les chiffres ont autant de valeur que la confiance qu’on accorde à ceux qui les diffusent et celle-ci s’étiole à chaque “petite” erreur de ce type.
Silo (Apple TV+)
Silo est enfin parvenu à intégrer le Top 10 Nielsen (officiellement, parce que nous avions eu des leaks pour la sortie de sa première saison) et la série gagne en audience, ce qui est très bien pour Apple TV. A comparaison relativement égale, elle fait 3 à 4 fois plus d’audience que la saison 2 de Foundation et deux fois plus que sa première saison à la même étape de sa diffusion (en sachant à nouveau que Nielsen compte les visionnages des deux premières saisons).
Unstoppable (Prime)
Le biopic sportif avec Jharrel Jerome et Jennifer Lopez a fait un bon démarrage sur Amazon Prime selon Luminate, avec 3,1M d’EVCs sur ses 8 premiers jours et dans la moyenne haute des lancements de films Amazon dont je dispose. Correct mais pas tout à fait unstoppable cependant.
Back in action (Netflix)
On le savait, Back in action est un gros carton dans le monde et ça se confirme aux US puisque selon Luminate, le film fait le deuxième meilleur démarrage d’un film sorti un vendredi depuis mars 2024 avec 18,4M d’EVCs.
The Wild Robot (Peacock)
Le film d’animation The Wild Robot a eu une très belle carrière en salles ciné aux Etats-Unis et les films d’animation Universal font généralement d’excellents scores à leur arrivée sur Peacock. C’est pourquoi je suis assez surpris du chiffre annoncés par SambaTV, un tout petit 344 000 foyers US en 3 jours, soit moins que des films comme Firestarter. Il pourrait cependant figurer dans le Top Nielsen mais s’il venait à le manquer, ça serait assez déconcertant.
Sources.
Les chiffres de cet article viennent du Top 10 Nielsen et du Top 10 Luminate.
C’est tout pour cette semaine ! Bon week-end !