Non, l’Union Européenne n’a pas voté l’uniformisation des catalogues européens de Netflix (mais la…
Mauvaise compréhension de l’anglais + fainéantise + appât du clic facile sur Internet font rarement bon ménage.
Mauvaise compréhension de l’anglais + fainéantise + appât du clic facile sur Internet font rarement bon ménage.
Il y a vraiment un problème avec la SVOD en France et je ne parle pas du peu d’appétence présumée du grand public pour cette forme de VOD par abonnement. Le problème est que les médias qui en parlent confondent tout à son sujet, mélangent la VOD et la SVOD, prennent leurs rêves pour des réalités et ne prennent même pas le temps de vérifier ce qu’ils écrivent. Je ne suis pas infaillible non plus mais je tente quand même de me renseigner un peu avant d’écrire quoi que ce soit lié à ce secteur ô combien intéressant.
Dernière exemple en date, un article de Reuters paru le 13 mai 2016 annonçait la chose suivante : “EU member states agree roaming for Netflix”. Le premier paragraphe de cet article annonçait clairement le contenu de cette proposition de loi qui doit être votée officiellement le 26 mai prochain.
Le concept est simple : un client français de Netflix ou Canal+ pourra accéder au contenu de son abonnement quand il voyage en Europe. En effet, à l’heure actuelle, un client français de Netflix qui se rendait en Angleterre ou en Espagne ne pouvait pas avoir accès au catalogue français pour cause de territorialité des droits et geoblocking. Il avait par contre accès au catalogue du pays dans lequel il se trouvait, avec les avantages et inconvénients que cela comprend. Cela devrait changer avec cette loi bientôt votée qui instaure une certaine portabilité des contenus vidéo.
La vraie question est de se demander comment d’un article relativement simple à comprendre de Reuters, on se retrouve avec des articles français comme ceux-ci :
A la limite, le titre de l’article de 01Net est peut-être celui qui peut se comprendre comme l’article de Reuters. Un client français à Netflix aura bien accès à un même catalogue dans toute l’Europe (celui français) et n’aura donc plus besoin d’utiliser un VPN quand il se trouve en Angleterre et qu’il veut désespérément continuer de regarder sa série disponible uniquement en France. Mais le fond de l’article dément cette interprétation. Les autres articles de différents sites sont complètement fantaisistes et risquent d’entrainer bien des déceptions quand il s’avèrera que non, Netflix ne propose pas un contenu commun à tous les pays d’Europe en 2017.
Catalogue commun à toute l’Europe, pas forcément une bonne idée pour nous autres abonnés français.
Mais un catalogue commun serait-il véritablement une si bonne chose ? Au-delà des fantasmes projetés par les rédacteurs desdits articles, la question d’un catalogue de Netflix qui serait commun à toute l’Europe entraine des problématiques qui seront difficiles à résoudre. Netflix n’a pas caché son ambition de proposer un catalogue commun mondial et nous y arriverons donc forcément un jour (dans 5–10 ans selon l’aveu de Reed Hastings). Cependant, en ce qui concerne l’Europe, le client français n’aurait sans doute aucun intérêt à profiter d’un catalogue commun, parce que celui-là serait vraisemblablement un catalogue à minima, proposant uniquement des films et séries dont Netflix serait parvenus à acheter les droits pour l’Europe entière. Compte tenu du gruyère territorial que représente l’achat et la vente de droits de contenus vidéos, un éventuel catalogue commun européen ne serait pas basé sur le catalogue le plus fourni actuellement (celui anglais) mais bien sur celui le moins fourni (et qui n’est pas celui français).
Même s’il a été beaucoup critiqué, le catalogue français fait preuve d’innovation avec une dizaine de séries disponible en J+1 après la diffusion américaine des épisodes ou des films inédits, une spécificité que l’on ne retrouve pas autant dans les catalogues Netflix des autres pays d’Europe. Selon les divers accords en vigueur dans tel ou tel pays d’Europe, ces ajouts bien agréables au catalogue de Netflix France pourraient tout à fait ne pas être présents dans un éventuel catalogue commun. La conclusion que je tire de cet épisode est une maxime anglophone (à ne pas traduire mal, elle aussi): “Be careful what you wish for”.
Un peu de pub.
Je profite de cet article pour vous annoncer la naissance de “Netflixers”, un podcast audio dédié à l’actualité de Netflix en France et dans le monde, ainsi qu’à celle du secteur SVOD de façon plus large. Un podcast dans lequel j’essaye de dire le moins de bêtises possibles en compagnie d’acolytes et que vous pouvez retrouver en cliquant ici, auquel vous pouvez vous abonner en cliquant ici ou que vous pouvez télécharger en cliquant ici.
Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques et de Direct-to-VOD, le Tumblr des films qui sortent directement en VOD.
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