"Me time" démarre très bien, "Partner track" cale en première semaine.
Les audiences Netflix du 22 au 28 août 2022.
Méthodologie
Dans ce rapport hebdomadaire des “audiences” Netflix, je parle en EVC, soit en Équivalents de Visionnages Complets, c’est-à-dire que je divise les heures vues annoncées par Netflix par la durée des films ou saisons de séries en question. Cela me permet de comparer entre eux des programmes de taille différente mais cela ne veut pas non plus dire qu’il s’agit d’audiences à proprement parler mais d’une équivalence de visionnages de tel film ou telle saison de la première à la dernière seconde, dans le monde entier, sur tous les appareils. Pour en savoir plus sur les limites des mesures d’audience en SVOD, lisez cet article.
J’utilise aussi la lettre W pour parler des semaines d’exploitation (W2, W3…) et la lettre S pour parler des saisons de séries (S1, S2 etc.). Vous savez tout ! Si vous n’êtes pas encore abonné/e, n’hésitez pas à le faire pour recevoir gratuitement chaque futur article directement dans votre boite mail !
🎥 Films.
Les films qui continuent leur exploitation.
On commence avec les principales continuations des semaines précédentes et regardez un peu la courbe de “Day Shift” et comment elle s’affaisse brutalement en 3ème semaine. Le film suivait les traces de ses illustres prédécesseurs “The man from Toronto” et “Senior year” mais en semaine 3, sa courbe passe en dessous des deux autres films. Dans la famille “flatline”, je voudrais aussi “Carter” et “Darlings” qui arrivent en bout de course normalement. Le troisième épisode de la saga “365 jours” arrive lui aussi en bout de course, mais seulement deux semaines après sa sortie.
Un qui va encore très bien, merci pour lui, c’est “Purple hearts” qui ajoute 6 millions d’EVC en 5ème semaine. Il vient de finir ses 28 premiers jours et on a donc son nombre final d’EVC : 112,5 millions, soit le 8ème film le plus regardé sur Netflix sur sa période de lancement en EVC. Je n’aurais jamais parié là-dessus.
Les nouveaux films
Un nouveau prétendant à la catégorie “Comédie US qui va suivre la même courbe que “The Man From Toronto” et “Senior Year” ! Avec 34,2M d’EVC en 3 jours, “Me time” part plus haut que les autres et s’offre même le 6ème meilleur démarrage pour un film US sorti un vendredi. On va voir s’il peut poursuivre sur cette lancée.
Le drame danois “Loving adults” fait un excellent démarrage lui aussi avec 10M d’EVC, soit le meilleur démarrage pour un drame international.
Le jeu des paris sur notre Discord est revenu après quelques semaines de vacances et je ne suis pas chanceux en ce moment, enchainant les mauvaises performances. Mais c’est à cause de films comme “That’s amor" si je me plante. En regardant les autres roms-coms US sorties un jeudi, je me dis “Il peut espérer au moins 10-12M d’EVC” et donc je parie là-dessus. Hé bin non, “That”s amor” se vautre complètement et se lance avec 6,5M d’EVC. Une bonne raison de détester ce film sans l’avoir vu, tiens.
Un autre qui a un démarrage compliqué, c’est le docu sur la personnalité trèèèèèès particulière de John McAfee, que vous connaissez peut-être parce que vous avez eu vous aussi 31 jours offert à l’antivirus McAfee et ses relances incessantes qui faisaient qu’on préférait prendre le risque d’avoir un virus plutôt que de l’avoir sur son PC. DEs mauvais souvenirs pour beaucoup de monde a priori puisque le docu se lance avec 6M d’EVC, soit le pire démarrage de mon dataset pour un docu US lancé un mercredi.
On continue avec les mauvais élèves puisque “Seoul Vibe” fait lui aussi un mauvais démarrage. Le pire démarrage pour un film sud-coréen sorti un vendredi même, avec un tout petit 3,1M d’EVC.
La semaine dernière, je démontrais par A+B que 3 fois plus de gens aimaient les chats qu’Elon Musk. Cette semaine, je peux même rajouter “Elon Musk et Luis Figo” puisque le docu consacré à son transfert polémique il y a 20 ans débute avec 2M d’EVC, un bon petit score pour un docu étranger.
📺 Séries.
Les séries qui continuent leur exploitation.
Cette semaine, on a appris que “Resident Evil” avait été annulée, ce qui était relativement prévisible vus ses chiffres. Cette semaine, “Sandman” rassure encore un peu plus quant à son éventuel renouvellement avec une belle courbe harmonieuse en 4ème semaine. Cela pourrait suffire, mais peut-être pas avec le même budget que sa S1. Pour Neil Gaiman, il faudra sans doute apprendre à faire autant avec moins.
Cela va toujours très bien pour “Le chemin de l’olivier” et même “Echos” fait une très bonne deuxième semaine. C’est un peu plus difficile pour “A model family”, “Sous la braise” et “Alma” qui ont quasiment exactement la même trajectoire.
Les nouvelles séries
Dans une interview récente, la cheffe des drames US chez Netflix disait qu’ils étaient excités pour le lancement de “Partner track” et qu’une deuxième saison était déjà évoquée, avant même le lancement de la série. On a les chiffres du premier week-end et j’imagine que ces plans pour une 2ème saison commencent déjà à s’évanouir lentement. Avec 2,3M d’EVC en 3 jours, c’est l’un des pires démarrages pour une nouvelle série US lancée un vendredi qui ne soit pas une mini-série. Elle est coincée entre “Cowboy Bebop” (annulée) et “Archive 81” (annulée). D’autres facteurs peuvent encore la sauver (son budget, son taux de complétion, etc) mais si on se base sur les chiffres uniquement, c’est déjà la fin de parcours pour “Partner track”.
Il y a une niche bien spécifique d’abonnés à Netflix qui aiment les émissions de télé-réalité dans le monde de l’immobilier. Et ces abonnés étaient au rendez-vous de “Selling the OC” qui réalise un meilleur démarrage que “Selling Tampa”. A croire que la Californie attire plus que la Floride.
😵 Les absents notables.
Beaucoup d’absents notables cette semaine, à commencer par trois séries US : “Mo”, “Lost Ollie” et “Chad & JT go deep”. Les 3 sont relativement courtes donc cela pourrait expliquer ceci mais c’est un peu décourageant pour “Mo” et “Lost Ollie” qui ont été très bien reçues par la critique et le public (en tout cas de ce qu’on peut observer). J’ai mes réserves sur “Lost Ollie” que j’ai pas forcément trouvé aussi bon que ce à quoi je m’attendais. J’ai commencé aussi “Mo” et c’est sympathique pour l’instant. La S2 de “Delhi Crime” n’a pas fait le cut non plus cette semaine, tout comme la déclinaison brésilienne de “Queer Eye”.
⏭️La semaine prochaine.
J’ai passé ces derniers jours à répertorier TOUS les ajouts Netflix Originals dans un tableur depuis 2014. J’en suis à 3349 entrées dans mon tableur et je n’ai pas terminé mais cela me permettra de faire des beaux graphiques sur la saisonnalité des sorties, les annulations sur le long terme etc. Cela me permet aussi de changer la forme de mon planning de sortie et de trouver en un seul clic le programme de cette semaine qu’on pourra surveiller dans les Tops mardi prochain. Voici le programme :
Une série française dans le lot : “Détox”. Je pense qu’elle passera à travers, comme tant d’autres avant elle mais il faut y croire aussi. “Devil in Ohio” y sera sans doute, tout comme la rom-com “Love in the villa” et la S3 de “I am a killer”.
📈 L’autre graphique de la semaine.
Netflix a dévoilé son line-up films de fin d’année et il va y avoir de belles choses à se mettre devant les yeux. Mais ce qui est le plus intéressant dans ce line-up est de regarder les films “prestige” qui auront droit à une sortie ciné limitée aux US avant leur dispo sur Netflix. Et cette année, il y a quelques surprises.
Les nouveaux films de Alejandro Gonzalez Inarritu et Noah Baumbach auront les deux plus longues périodes d’exclusivité ciné pour des films Netflix avec respectivement 42 et 35 jours dans certains cinémas américains.
Le dilemme de Netflix autour des sorties ciné est apparent ici. Pour ses gros blockbusters, que des sorties limitées de 7 jours parce que ceux-ci amènent des abonnés sur le service et/ou retiennent ceux qui le sont déjà. Donc aucun intérêt à privilégier les (maigres) revenus immédiats d’une sortie ciné au profit d’abonnements sur la durée.
Pour ses films prestige (censés être les meilleurs que le service a à offrir), Netflix se permet des périodes d’exclusivité ciné plus longues aux US. Cela permet aux films d’être vus par les cinéphiles et critiques des deux côtes (est et ouest puisque les cinés qui les diffusent sont généralement à New York, Los Angeles etc) et d’être ensuite en lice pour les Oscars. On pourrait interpréter le graphique ci-dessus de cette façon-là : plus un film a une période d’exclusivité ciné longue aux US, plus Netflix y croit artistiquement et dans l’optique des cérémonies de récompenses. Mais moins Netflix le considère comme ayant le potentiel d’attirer massivement des abonnés. Il y a des exceptions, notamment “The Irishman” mais c’était sans doute un cadeau à Martin Scorsese. L’exemple de “Blonde” est intéressant aussi parce qu’avec seulement 12 jours d’exclusivité ciné aux US, c’est une durée classique d’exclusivité. Moins une question d’y croire artistiquement, c’est plutôt que Netflix considère que le film est son gros atout de la fin du 3ème trimestre 2022 notamment aux US. Sa date de sortie - le 28 septembre - est un autre indicateur de ça.
C’est donc la fine ligne que semble marcher Netflix aux US pour ses sorties ciné exclusives. Trouver le bon point d’équilibre en terme de durée pour que les films gagnent un peu de buzz avant leur dispo sur Netflix mais pas trop longtemps non plus, ni trop largement non plus, que ça compromette les nouveaux abonnements que ces films prestige pourraient susciter.
Je termine avec un petit fun fact. Le film français “Athena” de Romain Gavras aura une sortie ciné exclusive de deux semaines aux US, soit 14 jours de plus que sa sortie ciné française.
Bonne semaine à toutes et à tous ! C’est l’heure de la rentrée en ce qui me concerne et il ne faudrait pas que je sois en retard à la réunion de pré-rentrée.