L’Union Européenne s’en prend au geoblocking.
En demandant à des studios hollywoodiens et au bouquet britannique Sky de s’expliquer sur le blocage géographique des films au sein de…
En demandant à des studios hollywoodiens et au bouquet britannique Sky de s’expliquer sur le blocage géographique des films au sein de l’Union Européenne, Bruxelles semble donner le départ d’une charge massive contre le geoblocking, qui pourrait bien mettre un gros foutoir dans le système français. Sortez le popcorn.
Je hais le geoblocking. Sérieusement. Je le hais au-delà des mots. Exemple pratique : le 21 juillet dernier est sorti en VOD aux Etats-Unis “Before we go”, le premier film de Chris Evans dont la bande-annonce m’a vachement plu. Il est sorti sur plusieurs services américains et, VOD oblige, il fut aussitôt dispo sur les sites pirates. En France, il n’est donc techniquement pas disponible et il ne me restait donc qu’à tenter ma chance sur les services sur lesquels “Before we go” était disponible. Voilà à quoi ressemble concrètement le geoblocking vu de France.
Impossible donc pour moi de payer pour voir le film. Mes seules solutions :
1/ attendre qu’un distributeur ait la bonté d’acheter les droits pour notre territoire, ce qui n’arrivera sans doute pas de sitôt, voire même sans doute jamais, et le louer à ce moment-là. Cela peut prendre littéralement des années comme le prouve “Celeste & Jesse Forever”, sorti partout dans le monde en 2012 et qui sera disponible légalement en France en septembre 2015 en VOD.
2/ harceler les producteurs américains du film par Twitter, mail etc. pour qu’ils le sortent eux-mêmes sur une plate-forme mondiale type Vimeo on Demand. J’ai eu quelques succès avec cette méthode mais généralement pour des tous petits films indés donc je ne compte pas trop dessus.
3/ le pirater en cinq minutes en deux clics, sans payer personne.
Le geoblocking pour moi, c’est l’expression la plus pure de la main-mise des distributeurs et éditeurs sur la disponibilité des films en France, de l’entonnoir culturel que ceux-ci incarnent. Tant qu’aucun n’aura un intérêt économique à sortir ce film en France, je ne pourrais pas le voir légalement. Je suis à la merci de ces gens et je déteste ça.
Comme un chien fou dans un jeu de quilles.
Quand j’ai vu que Bruxelles s’en prenait au geoblocking en considérant que c’était pas très cool pour les Européens de ne pas avoir accès partout aux mêmes films, j’ai exulté. Imaginez : pouvoir louer légalement des films inédits en France directement sur iTunes UK ou sur d’autres services VOD. Des films d’amour que j’attends depuis des plombes, que je recense chaque année dans des articles dédiés sur FilmsdeLover.com, tous ces nouveaux films légalement disponibles pour moi. Un nouveau monde à explorer.
Alors forcément, comme toujours quand un truc est a priori à l’avantage du consommateur, ça commence à tirer des sonnettes d’alarme de partout : le financement des films français serait menacé, les vendeurs de droits y perdraient aussi, la chronologie des médias française serait par ricochet rendue inutile (la France a sans doute la chronologie la plus rigide et s’il faut l’harmoniser au niveau européen pour caler des sorties identiques partout, celle-ci volera en éclat)… Bref, un détricotage monstre de tout ce qui fait la particularité française en matière de ciné et qui pourra faire les affaires de services tels que Netflix et compagnie.
Impossible pourtant de prédire comment tout ça va se décanter. L’Union Européenne semble vraiment être prête à mettre un terme au geoblocking en Europe pour créer son marché numérique unique mais le secteur ciné français n’a sans doute pas dit son dernier mot même si leurs moyens de pression risquent d’être vite limités. Dans tous les cas, cela nous promet une belle bataille entre ayants-droits et l’Union Européenne. Pour le consommateur, il suffit d’attendre et de regarder cette lutte tranquillement du fond de la salle. Au pire rien ne change. Au mieux, de nouveaux horizons s’ouvrent. Wait & See (Oui, il va falloir se mettre à l’anglais parce que ces nouveaux horizons seront sans doute en version originale non sous-titrée, au moins au début).
Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques et de Direct-to-VOD, le Tumblr des films qui sortent directement en VOD.
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Contact : frederic[at]filmsdelover.com