Amazon Prime Video débarque en France : Premier verdict sur ce qu’il propose au lancement.
Celui que l’on appelle le grand rival de Netflix dans le domaine de la SVOD est finalement là… Pour la révolution, on repassera plus tard…
Celui que l’on appelle le grand rival de Netflix dans le domaine de la SVOD est finalement là… Pour la révolution, on repassera plus tard par contre, quand le géant se sera vraiment réveillé.
Les experts de la SVOD promettent à Netflix et Amazon une lutte acharnée dans la bataille des contenus et des abonnés dans les années qui viennent. Après la disponibilité mondiale de Netflix début 2016, Amazon est donc finalement arrivé en France ce 14 décembre 2016. Force est pourtant de constater que la bataille des contenus n’a pas tout à fait commencé, le catalogue Day One d’Amazon étant pour le moins chétif, pour ne pas dire vraiment anémique.
Les séries.
C’est le point qui m’intéresse le plus, notamment parce que je me suis efforcé de comparer les catalogues séries de Netflix, Canalplay et SFR Play tout au long de l’année 2016. Le line-up d’Amazon dans cette catégorie regorge de quelques pépites mais au niveau quantitatif, on est encore loin du compte.
Je dénombre ainsi 40 séries seulement, dont 22 animés japonais. Le reste est composé de séries américaines inédites en SVOD pour la majorité, ce qui est un très bon point. Ainsi, “Seinfeld” connait sa première disponibilité en SVOD en France, tout comme “Fear the Walking Dead” et bien sûr toutes les séries Amazon Originals, même si certaines demeurent encore introuvables (comme “Good Girls Revolt” par exemple). Autre hic, accord avec OCS oblige, les dernières saisons de “Mozart in the Jungle” et “Transparent” ne sont pas disponibles sur Amazon Prime Video. Enfin, certaines séries ne comportent pas encore de doublages français, ni même de sous-titres français ! Difficile de satisfaire tous les publics avec de telles limites.
Les films.
Le catalogue de films est rutilant : tous les films “Indiana Jones”, quelques “Fast & Furious” et d’autres sagas et blockbusters américains des trente dernières années. Hélas, ici aussi, le choix semble assez restreint, passées ces têtes d’affiche. La catégorie “Romance” ne comprend ainsi que 15 petits films qui se battent entre eux. Autre incongruité : l’absence totale de films français. Alors que le secteur ciné français a souvent fait état du fait qu’Amazon était un ami du ciné français (par opposition à Netflix), cette absence Day One est assez remarquable. L’absence de doublages et sous-titres français est très fréquent et l’on remarque même l’absence de sous-titres — même anglais !- sur les films de la catégorie “Bollywood”. Comment dans ce cas profiter de ces films si on n’y comprend rien ? Autre petit couac : la disponibilité d’un film étant sorti depuis moins de trois ans au cinéma, “Noé”, sorti au cinéma en avril 2014 et déjà dispo en SVOD malgré la chronologie des médias.
L’interface et les fonctionnalités.
L’interface principale est simple et fonctionnelle (à défaut d’être en français) mais celle des catégories est très mal fichue puisqu’il faut défiler longuement pour afficher 15–20 films, là où la plupart des services déjà existants proposent des vignettes du meilleur effet. Sur tablette, c’est déjà bien mieux, même si on peut aussi déplorer l’absence du support Chromecast, ce qui réserve un visionnage sur tablette ou smartphone aux possesseurs d’Android. Même dans les pays où il était déjà dispo, Amazon Prime Video n’a jamais été mis en avant pour son interface et j’espère des améliorations dans les semaines qui viennent.
Un premier bilan.
Ce qui ressort de ce premier contact avec Amazon Prime Vidéo France, c’est avant tout un sentiment de sortie précipitée, bâclée : l’interface en anglais, les sous-titres et doublages manquants, le catalogue assez pauvre en terme de quantité… Ceci étant dit, son catalogue de blockbusters et de séries jusqu’ici introuvables en SVOD en fait un service SVOD de complément à Netflix ou même Canalplay tout à fait adéquat. Je ne pense d’ailleurs pas que la priorité d’Amazon soit de proposer le service SVOD de référence au niveau mondial. Son objectif est de vendre des abonnements Amazon Premium, pas d’oeuvrer dans le but de développer le secteur de la SVOD. En tant que bonus pour les abonnés Premium (et j’en fais partie), Prime Video constitue donc un joli petit avantage supplémentaire. Mais en tant que service SVOD stand alone pour lequel vous quitteriez votre crèmerie actuelle, pas sûr que vous y trouviez votre compte pour le moment. Il faudra donc surveiller les ajouts au catalogue avec attention dans les mois qui viennent, d’autant plus qu’Amazon a promis d’être actif. Je ne demande qu’à voir.
Par ailleurs, j’ai vu assez peu de critiques du secteur ciné concernant le catalogue de lancement d’Amazon. Si Netflix s’était lancé sans aucun contenu français et avec certains défiant la chronologie des médias, on en aurait entendu parler pendant des années. Amazon a au moins réussi à éviter les critiques à ce niveau. Pour combien de temps encore ?
Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques, du podcast “Netflixers” dédié à la SVOD et de Direct-to-VOD, le Tumblr des films qui sortent directement en VOD.
Retrouvez tous mes articles sur le futur du secteur VOD et SVOD en France en cliquant ici.
Contact : frederic[at]filmsdelover[point]com