7 plates-formes de VOD pour distribuer vos films tout seul ou pour en découvrir de nouveaux.
Ce serait dommage de limiter l’offre VOD aux seules plates-formes des fournisseurs d’accès à Internet. Il en existe d’autres comme le…
Ce serait dommage de limiter l’offre VOD aux seules plates-formes des fournisseurs d’accès à Internet. Il en existe d’autres comme le montre ce petit panorama du secteur.
En France, on considère généralement les plates-formes VOD comme des extensions des salles de cinéma ou des vendeurs de DVD. Seuls les films achetés par des distributeurs y figurent et elles sont souvent liées à des box triple play ou à des distributeurs. Ces plates-formes s’appellent Canalplay, SFR Video, MyTF1 VOD, MyWarner, etc. Elles font ce qu’on leur demande en vendant/louant des films quatre mois après leur sortie ciné. Pas de surprises donc, à l’exception des films Direct-to-VOD qui peuvent éventuellement émerger ci et là. C’est donc une affaire de distributeurs et les indépendants ne peuvent pas y lancer leurs films comme ça.
Aux Etats-Unis, de nombreuses plates-formes de VOD sont apparues ces quelques dernières années pour se tailler une part du secteur VOD en proposant des outils pour remettre entre les mains des producteurs et cinéastes la distribution de leur film. C’est quelque chose qui traditionnellement n’attire pas ceux-ci mais de plus en plus prennent les choses en main en créant au passage des communautés autour de leurs films. Certaines sont même ouvertes aux distributeurs qui voudraient lancer leur propre service de VOD/SVOD. Voici quelques-unes de ces plates-formes avec mon ressenti sur chacune d’elles.
Vimeo on Demand
Vimeo a longtemps été une plate-forme utilisée par les cinéastes pour y montrer leur travail, le lecteur vidéo de Vimeo étant considéré comme l’un des plus beaux que l’on peut trouver sur Internet. Il n’y avait donc qu’un pas à franchir pour que le système propose à ces cinéastes de vendre leur film sur la plate-forme et ce fut le cas depuis avril 2013 et la création de Vimeo on Demand. Depuis, la plate-forme a développé de nombreux partenariats avec quelques célèbres festivals de cinéma indépendant américain (SXSW notamment) pour alimenter sa plate-forme en films frais et de qualité.
Informations techniques : Pour y vendre son film, il faut un compte Vimeo Pro (159€/an) et Vimeo prend 10% de commissions.
Autres fonctionnalités sympas : Coupons de réduction, sous-titres supportés, disponible sur tablettes, smartphones et aussi probablement bientôt avec Chromecast.
Pour quels types de films ? Longs-métrages, courts-métrages, web-série, documentaires, tout est bon pour Vimeo on Demand.
Les bons coups de la plate-forme : Avoir distribué au niveau mondial “In your eyes”, le dernier film écrit par Joss Whedon le lendemain de sa présentation au festival de Tribeca.
J’aime : La simplicité d’utilisation de la plate-forme, la qualité du lecteur audio, les informations relatives à la durée du film, son territoire de disponibilité, la possibilité d’acheter ou de louer, la possibilité d’utiliser Paypal, la possibilité pour les cinéastes d’ajouter des fichiers de sous-titres différents à une même vidéo…
J’aime pas : Depuis la refonte du site en mars 2014, la difficulté de chercher parmi tous les genres les derniers films ajoutés à la plate-forme, beaucoup de films qui ne sont pas des oeuvres de cinéma comme des tutos de fitness etc, beaucoup de films récents sont géobloqués pour les utilisateurs français…
VHX
Créée à la base comme plate-forme pour partager des vidéos trouvées sur le web, VHX a vite changé de cible pour devenir un outil très complet de commercialisation de films en ligne. Elle propose notamment une frise chronologique très détaillée de la meilleure façon de concevoir le marketing de votre film avant même son tournage, en créant une communauté, en faisant monter la sauce etc. Graphiquement, j’aime beaucoup ce que propose VHX et leur idée de la VOD est en ligne avec ce que j’attends du secteur.
Informations techniques : Inscription gratuite et VHX prend 10% + 0,50 cents par vente. Donc pour un film à 10$, cela fait 1,5$ de commission.
Autres fonctionnalités sympas : VHX propose plein de supers petites fonctionnalités aussi bien pour les créateurs que les distributeurs. En vrac : possibilité d’envoyer des screeners de vos films avec watermark, possibilité pour les spectateurs de fixer le prix du film au-delà d’un prix minimum, prise en charge des bonus, support de sous-titres, module d’achat intégrable sur d’autres sites, blog pour parler du film avant sa sortie avec les personnes qui vous suivent, possibilité d’ajouter des modules d’e-commerce pour vendre du merchandising, possibilité de créer une plate-forme de VOD/SVOD pour les distributeurs, possibilité à partir d’un même endroit de rétribuer différents distributeurs sur plusieurs territoires, lien possible avec des films kickstartés etc.
Pour quels types de films ? Longs-métrages, courts-métrages, web-série…
Les bons coups de la plate-forme : Récemment, le film “Camp Takota” a fait un carton sur la plate-forme en misant sur le potentiel de trois youtubeuses US. Avant cela, le documentaire “Indie Game: The movie” a lui aussi recueilli un très bon accueil critique et public. Dernièrement, Kevin Spacey y a aussi sorti son documentaire “Now”.
J’aime : la simplicité d’utilisation, les très beaux sites des films présents, les ajouts fréquents de fonctionnalités qui permettent vraiment de distribuer un film de A à Z en utilisant VHX, la conception générale de la vente VOD par Internet par l’équipe de VHX…
J’aime pas : l’absence d’un catalogue regroupant tous les films qui utilisent VHX, ce qui oblige chacun des utilisateurs à promouvoir son film par lui-même plutôt qu’en s’appuyant sur les visiteurs de la plate-forme. Ce n’est pas une place de marché, mais un outil. J’ai trouvé notamment de nombreux films utilisant la plate-forme en cherchant dans Google “vhx.tv”. De nombreux films sont géobloqués aussi mais VHX pousse pour des sorties mondiales et c’est tout à leur honneur. Et les prix sont en dollars uniquement, pas gênant si on paye avec Paypal mais quand même.
Distrify
Distrify est l’une des plus anciennes plates-formes de VOD pour indépendants puisqu’elle fut créée en novembre 2010.
Informations techniques : Plusieurs solutions tarifaires allant d’inscription gratuite + 30% de commissions à inscription payante et 10% de commissions.
Autres fonctionnalités sympas : Possibilité de mêler crowdfunding et vente de VOD sur un même player, possibilité pour les spectateurs de devenir “revendeur” affilié en partageant la bande-annonce sur leur site et blog, possibilité de vendre plusieurs packages (film seul, film + musique, musique seulement…)…
Pour quels types de films ? Longs-métrages uniquement je dirais.
Les bons coups de la plate-forme : Avoir distribué en avant-première le film “Wholly family” de Terry Gilliam début 2012 avec “The Guardian”
J’aime : Les prix en euros, la simplicité d’utilisation, les différents packages proposés, la longueur de la location (2 semaines et 5 visionnages max), le programme d’affiliés, le blog de la société avec plein de bons conseils et des cas d’études…
J’aime pas : le graphisme du site principal et du player qui font très cheap, l’impossibilité de mettre des sous-titres sauf en les intégrant directement dans la vidéo…
Yekra
Créée en septembre 2012, Yekra est une plate-forme qui, à l’inverse des autres évoquées plus haut opère une sélection sur les films présents dans sa sélection. On y trouve des documentaires et des films principalement. Leur marché pour le moment se concentre sur les Etats-Unis, d’où un grand nombre de films géobloqués. Mais ils ont une conception plus avancée au niveau des intégrations possibles dans des sites web tiers avec un système d’affiliations et de cinéma virtuels très sympas dans l’idée.
Informations techniques : Il faut soumettre son film mais aucune idée du business model et des commissions.
Autres fonctionnalités sympas : Possibilité d’être affilié et d’intégrer un cinéma virtuel sur son site.
Pour quels types de films ? Longs-métrages uniquement je dirais.
Les bons coups de la plate-forme : Avoir signé pour certains films (géobloqués) du catalogue de Warner Bros US et de Sony Pictures.
J’aime : l’idée de l’affiliation et du cinéma virtuel, en tant que blogueur ciné.
J’aime pas : le peu de film et surtout le nombre important de films géobloqués. C’est une plate-forme qui a besoin de mûrir un peu et de s’ouvrir au monde.
IndieReign
J’aime bien cette petite plate-forme créée en é013 dédiée principalement aux films indépendants, comme son nom l’indique. Peu de geoblocking, des films potentiellement intéressants et par centaines mais quelques petits soucis aussi.
Informations techniques : Inscription gratuite et 30% de commissions pour IndieReign.
Autres fonctionnalités sympas : Il n’y a pas vraiment de fonctionnalités qui détonnent du reste des plates-formes déjà évoquées ici donc c’est du classique. Solide mais classique.
Pour quels types de films ? Longs-métrages et courts-métrages.
Les bons coups de la plate-forme : Avoir noué un partenariat avec IndieGogo pour fournir du contenu frais en diffusant des films ayant été crowdfundés.
J’aime : un catalogue bien fourni, avec des films qui semblent intéressants, des prix assez bas pour des locations et achats définitif, une grosse communauté.
J’aime pas : pas de support natif des sous-titres (hard-coding obligatoire), la non-différenciation entre les longs-métrages et les courts, ce qui peut être source de déceptions.
Seed&Spark
Lancée en juin 2013, Seed&Spark combine une plate-forme de crowdfunding à une plate-forme de VOD ce qui permet là aussi d’accompagner la gestation du film de A à Z pour le spectateur curieux. Certains films semblent vraiment intéressants mais là encore, la cible est clairement le film américain. Chaque location rapporte des points que l’on peut réutiliser par la suite pour aider et/ou regarder un autre film.
Informations techniques : Inscription gratuite et 20% de commission pour Seed&Spark.
Autres fonctionnalités sympas : La partie crowdfunding qui permet d’allouer la somme donnée à un item particulier de la liste des cinéastes (10$ pour tous les cafés du tournage etc.), les Sparks récoltés qui peuvent resservir par la suite.
Pour quels types de films ? Longs-métrages et courts-métrages.
J’aime : le concept du site, la facilité de la plate-forme et certains films qui ont l’air vraiment intéressant.
J’aime pas : Encore très américano-américain, donc pas de sous-titres.
Reelhouse
Je connais Reelhouse depuis un petit moment mais il me semblait un peu en sommeil ces derniers temps. Or, les choses commencent un peu à bouger avec des partenariats noués avec des distributeurs et des festivals (Sundance notamment). Cette partie-là est encore géobloquée pour les Français mais la plate-forme a repris du poil de la bête et propose désormais quasiment tout ce que l’on attend d’une plate-forme VOD (bundles, bonus, précommande, disponibilité sur tablette et smartphone, visionnages privés, liens avec Kickstarter et Steam…)
Informations techniques : 6% de commission et inscription gratuite.
Autres fonctionnalités sympas : Dispo sur Chromecast notamment.
Pour quels types de films ? Longs-métrages et courts-métrages.
Les bons coups de la plate-forme : Avoir noué des liens avec Warner Bros US et certains festivals pour diffuser des films.
J’aime : le classicisme efficace et sobre de la plate-forme. Elle fait ce qu’on lui demande et c’est très bien comme ça. A voir comment elle évolue. Le support des sous-titres en natif, même si j’ai pas l’impression que beaucoup les utilisent.
J’aime pas : L’accent mis davantage sur les documentaires de surf, snow, de craft et pas forcément des films “traditionnels” en eux-mêmes.
Voilà pour ce panorama des principales plates-formes de VOD indépendantes qui existent actuellement sur la toile. Même si elles sont chacune leurs particularités, toutes s’accordent sur une chose : la nécessité pour les films de multiplier leurs points d’accès au public en ne se contentant pas d’une seule plate-forme de diffusion. Il faut donc toutes les occuper pour ainsi toucher plus de spectateurs potentiels. Leçon assimilée par certains réalisateurs puisque des films reviennent d’une plate-forme sur l’autre. A quand une démocratisation de ces plates-formes pour le territoire français et notamment pour les films invisibles ? C’est aux producteurs, distributeurs et réalisateurs de choisir. Je pense qu’il y un public (j’en fais partie) et dans tous les cas, ça ne coûte rien d’essayer.
Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques. Contact : frederic[at]filmsdelover.com